Comment concilier la priorité non négociable du soin aux patients et la prise en compte de l’impact de ces mêmes soins sur notre environnement ? Etude sur les risques de pollution des eaux par les résidus pharmaceutiques.

Objet : Comment concilier la priorité non négociable du soin aux patients et la prise en compte de l’impact de ces mêmes soins sur notre environnement ? Etude sur les risques de pollution des eaux par les résidus pharmaceutiques.

Date : 17/11/2022

Service : Département de l’eau

Pièces annexées : Rapport final du projet « MétreauRisq »

Les prises de conscience dans le domaine de la pollution de l’eau se multiplient ces dernières années avec l’apparition dans les études scientifiques et dans le débat public de nouveaux questionnements : quels sont les polluants à surveiller dans les eaux de surface ? Quel est leur impact sur les écosystèmes ? Comment réduire leur présence dans les eaux usées avant et après traitement dans les stations d’épuration ?

L’assainissement des eaux usées est un sujet bien maîtrisé au regard de l’élimination de la pollution organique classique. Cependant, il n’en est pas de même pour les polluants émergents (PE). Ces polluants émergents sont par exemple les résidus pharmaceutiques, les pesticides, les détergents, les microplastiques, etc. Ces molécules n’ont pas forcément émergé au sens propre. C’est plutôt l’intérêt qu’on leur porte qui est apparu ou qui s’est amplifié.

Des analyses scientifiques ont permis de mieux les détecter et de les mesurer dans l’eau sur le territoire de la Métropole grenobloise, avant et après le traitement des eaux usées à Aquapole. L’objectif de ces études est de permettre aux acteurs de la santé, du monde économique et de l’assainissement de mieux gérer les risques environnementaux qui découlent de leur présence dans les milieux naturels. Une évaluation des risques a ainsi été menée en 2021 sur le territoire grenoblois sur plusieurs polluants collectés en entrée et sortie de la station d’épuration Aquapole. Les conclusions qui suivent concernent les résidus de médicaments.

Évaluation

L’évaluation révèle que les molécules pharmaceutiques ne sont pas éliminées des eaux traitées et sont rejetées dans le milieu naturel Les molécules les plus retrouvées en sortie de station d’épuration sont les suivantes : aténolol, atorvastatine, méthocarbamol, lidocaïne et venlafaxine. Dans un certain nombre de

cas, la concentration dans le cours d’eau est supérieure à la concentration à partir de laquelle ces molécules sont écotoxiques pour les organismes. Cette concentration va s’aggraver en raison du réchauffement climatique qui impacte le débit des cours d’eau et diminue le pouvoir de dilution des fleuves.

Les leviers d’action

Les techniques de traitement des eaux usées actuellement en place dans les stations ne permettent pas d’éliminer totalement ces polluants. Il convient donc de réduire les polluants à la source.

De nombreuses initiatives ont émergé récemment afin d’actionner le levier de la consommation des produits polluants. Ainsi, l’association de médecins lorrains pour l’optimisation de la qualité des soins (ASOQS) mène une analyse de l’impact des médicaments sur l’environnement en parallèle de mesures de sensibilisation, notamment sur le sujet de la prescription (http://sesoignersanspolluer.com).

La prescription médicale est un des leviers d’action de réduction des polluants à la source.

En effet, dans certains cas il est possible de choisir une molécule plutôt qu’une autre pour une même indication sur un critère environnemental.

L’indice PBT (persistance, bioaccumulation et toxicité) a été élaboré par des équipes suédoises afin de synthétiser des données d’impact des médicaments permettant une classification environnementale de ces molécules.

Les responsables d’achats des hôpitaux ainsi que tous les responsables de prescription pourraient avoir accès à cette base et intégrer la dimension environnementale dans le choix des molécules.

De nombreux projets, comme No pills in watersi explorent la question des médicaments dans l’eau et proposent des mesures à mettre en place à l’échelle d’un territoire pour maîtriser au mieux la chaine du médicament et réduire les usages polluants.

D’autres initiatives et projets explorent cette question :

· Le projet RILACT (Risques et Leviers d’Actions relatifs aux rejets de médicaments, détergents et biocides dans les effluents hospitaliers et urbains) : https://asso.graie.org/portail/rilact/

· MediATeS : Risques et Leviers d'Actions relatifs aux rejets de médicaments, détergents et biocides dans les effluents hospitaliers et urbains : http://www.graie.org/Sipibel/publications/Mediates_HommeMedic.pdf

La Métropole souhaite par cette note informer les professionnels de santé sur les enjeux environnementaux des médicaments et discuter avec eux des actions possibles à mettre en place à leur niveau car protéger le milieu naturel c’est aussi protéger les patients.

La Régie de l’assainissement se tient disponible pour toutes demandes d’informations supplémentaires et pour convenir d’une rencontre avec les professionnels de santé.

Contact : Nicolas Lesur , directeur de la Régie de l’assainissement +33 4 76 59 58 14 / +33 6 22 77 48 98 / nicolas.lesur@grenoblealpesmetropole.fr

 

i http://www.no-pills.eu/wp-content/uploads/2013/04/BS_NoPills_Rapport-final_Resumee_FR.pdf